Chroniques de l'océan, chapitre 1 : la surpêche
Par Jovana Lippens
Les Océans, c'est à dire 70% de la surface de la planète, ont pendant longtemps été mis de côté dans la couverture médiatique et dans les négociations internationales. Néanmoins, la vie s'y effondre plus rapidement que sur Terre. La cause principale à cela n’est clairement pas le plastique. Ce n’est pas non plus la pollution, le dérèglement climatique ou l’acidification des océans.
C’est la pêche. Ou plutôt, la surpêche.
C’est la pêche. Ou plutôt, la surpêche.
L’industrie de la pêche : les chiffres
Pour des centaines de millions de personnes à travers le globe, la pêche est une ressource de première importance, que ce soit pour l’alimentation, les moyens de subsistance ou les revenus. Selon la FAO, la consommation de poisson augmente deux fois plus rapidement que la population mondiale, ce qui montre que le secteur de la pêche est déterminant pour la sécurité alimentaire de la planète.[2] En 2016, la production mondiale de poisson (ou « production halieutique ») avait atteint les 171 millions de tonnes, dont 88% destinées à la consommation humaine directe [2]. Un record.
En parlant de consommation humaine directe, il est important de savoir que le poisson ne se retrouve pas exclusivement dans vos assiettes. Parmi ses autres utilisations, on retrouve notamment la production de farine et d’huile de poisson, qui servira en grande partie à nourrir les poissons dans les bassins d’aquaculture. L'aquaculture (définition) est de plus en plus vue comme une alternative à la surpêche pratiquée dans les mers et océans du globe (par exemple, 75% des saumons présents sur le marché proviennent de la Norvège et du Chili [3]). Néanmoins, cette pratique soulève de nombreuses questions et est loin d’être la panacée : les espèces carnassières telles que le saumon ou le thon se nourrissent de la farine de poisson produite grâce à la pêche d’espèces sauvages. La demande est en pleine croissance : pour 1kg de thon d’aquaculture, il faut environ 15kg de poisson (pour en savoir plus, direction l’article du CNCD sur le sujet.)
Comment répondre à cet appétit insatiable en produits de la mer ? Navires plus grands, filets plus profonds, les bateaux s’aventurent toujours plus loin et les techniques de pêche ne cessent de s’améliorer, au détriment des mers, que l’on vide de ses ressources. Dans une étude publiée dans le magazine scientifique Science en février 2018, on apprend que la pêche industrielle exploite 55% de la surface des mers du monde, et que les navires ont parcouru plus de 460 millions de kilomètres, soit 600 fois l’aller-retour Terre-Lune ! [4] Des chiffres à donner le tournis.
Pour des centaines de millions de personnes à travers le globe, la pêche est une ressource de première importance, que ce soit pour l’alimentation, les moyens de subsistance ou les revenus. Selon la FAO, la consommation de poisson augmente deux fois plus rapidement que la population mondiale, ce qui montre que le secteur de la pêche est déterminant pour la sécurité alimentaire de la planète.[2] En 2016, la production mondiale de poisson (ou « production halieutique ») avait atteint les 171 millions de tonnes, dont 88% destinées à la consommation humaine directe [2]. Un record.
En parlant de consommation humaine directe, il est important de savoir que le poisson ne se retrouve pas exclusivement dans vos assiettes. Parmi ses autres utilisations, on retrouve notamment la production de farine et d’huile de poisson, qui servira en grande partie à nourrir les poissons dans les bassins d’aquaculture. L'aquaculture (définition) est de plus en plus vue comme une alternative à la surpêche pratiquée dans les mers et océans du globe (par exemple, 75% des saumons présents sur le marché proviennent de la Norvège et du Chili [3]). Néanmoins, cette pratique soulève de nombreuses questions et est loin d’être la panacée : les espèces carnassières telles que le saumon ou le thon se nourrissent de la farine de poisson produite grâce à la pêche d’espèces sauvages. La demande est en pleine croissance : pour 1kg de thon d’aquaculture, il faut environ 15kg de poisson (pour en savoir plus, direction l’article du CNCD sur le sujet.)
Comment répondre à cet appétit insatiable en produits de la mer ? Navires plus grands, filets plus profonds, les bateaux s’aventurent toujours plus loin et les techniques de pêche ne cessent de s’améliorer, au détriment des mers, que l’on vide de ses ressources. Dans une étude publiée dans le magazine scientifique Science en février 2018, on apprend que la pêche industrielle exploite 55% de la surface des mers du monde, et que les navires ont parcouru plus de 460 millions de kilomètres, soit 600 fois l’aller-retour Terre-Lune ! [4] Des chiffres à donner le tournis.
Quand la pêche devient surpêche
On parle de surpêche lorsque l’activité menace les capacités de renouvellement des espèces marines. [1] Et c’est le cas aujourd’hui. Selon le dernier rapport de la FAO, 31% des stocks de poissons sont surexploités dans le monde, et près de 60% sont exploités au maximum de leur capacités. L’Union Européenne est une mauvaise élève, avec 39% des stocks de l’Atlantique Nord-Est en surexploitation, et 88% des 85 stocks de la mer Méditerranée sont surexploités. [5]
A l’échelle de la planète, la surpêche fait partie des menaces les plus graves pesant sur nos mers et nos océans. Prélever des milliers de tonnes de poisson tous les jours à un rythme qui ne permet pas au stock de se reconstituer est un véritable pillage de la biodiversité marine. La population de thons rouges du Pacifique, par exemple, a diminué de 97 % par rapport à son niveau historique : ce super-prédateur a une valeur écologique inestimable [6] . La disparition ou forte diminution d’une espèce perturbe toute la chaine trophique, et les prédateurs naturels des espèces prélevées ont plus de difficultés à se nourrir.
Quel lien avec le climat ?
La perte de la biodiversité marine fragilise l’écosystème océanique, et diminue donc sa capacité à résister aux perturbations (sa résilience) et à jouer son rôle de régulateur climatique. Au-delà des conséquences purement biologiques, le poisson est la première source de protéine animale pour un milliard de personnes. Si l’on ne tient compte ni de la surpêche, ni de la pollution, le changement climatique a déjà un lourd impact sur les ressources alimentaires, surtout dans les pays en voie de développement. Il est dont impératif de mettre en place une gestion durable des pêches, pour limiter les impacts négatifs du changement climatique.
L’Union Européenne, premier importateur mondial de poisson [7], dispose d’une Politique Commune de la Pêche (PCP), qui définit, entre autre, des quotas de pêche, c’est-à-dire la quantité maximale de poisson que les Etats Membres ont le droit de pêcher. Ces quotas sont calculés par des scientifiques pour chaque espèce. Malheureusement, la décision finale revient aux gouvernements, et de nombreux quotas fixés dans l’UE ne respectent pas l’avis des scientifiques.
Le Chili, hôte de la prochaine COP25, ne se trouve pas en haut du classement des meilleurs élèves. Bien au contraire, selon la FAO, la surexploitation des ressources halieutiques chiliennes se place en troisième position, derrière la mer Noire et la mer Méditerranée. [8] De quoi leur donner matière à réfléchir…
PS : La conférence « Menaces sur la vie dans les océans, un bilan à l'occasion du rapport du GIEC » a abordé les différentes pressions que subit les océans, les présentations des intervenants sont disponibles ici.