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Ende Gelände : une action de désobéissance civile pour la justice climatique

17/11/2017 - Par Fanny Lajarthe
Comme nous l’expliquait Samuel Lietaer dans un précédent article, la COP23 se caractérise également par un certain nombre de mobilisations pour lutter contre les changements climatiques. Elle est non seulement l’occasion, pour le mouvement climatique international, de réfléchir à sa stratégie lors d’événements comme le People’s Climate Summit, mais également d’attirer l’attention des gouvernements présents sur certaines problématiques, à commencer par la question épineuse des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon). 
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©Ende Gelände, novembre 2017, mine d’Hambach
En effet, et comme le soulignait Loïc Hardy, la finitude du budget carbone n’est pas compatible avec une exploitation sans limite des énergies fossiles. Ce constat simple constitue le cœur du mouvement « keep it in the ground » qui vise l’abandon volontaire de l’extraction d’énergies fossiles afin de contenir le réchauffement climatique et ses impacts dévastateurs, au niveau local comme global. Si diverses stratégies sont mises en œuvre par ce mouvement, nous souhaitons revenir ici sur l’exemple concret de blocage d’infrastructures que constitue Ende Gelände, dont la dernière édition a eu lieu le 5 novembre dernier, soit la veille de l’ouverture de la COP.
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Qu’est-ce qu’Ende Gelände ?
Ende Gelände (« ici et pas plus loin ») est une action de désobéissance civile non-violente de masse. Elle repose sur un consensus d’action dans lequel est détaillé non seulement l’objectif de l’action (empêcher la poursuite de l’extraction et de la combustion de charbon) et la manière dont elle est menée (par le blocage mais sans violence et/ou sabotage). Elle vise donc à bloquer les machines (telles que les excavatrices) ou les rails de train desservant la mine choisie afin d’empêcher sa production de charbon pendant une journée ou plus. L’action s’est focalisée jusqu’ici sur des mines de lignite, une variété de charbon particulièrement contestée en raison de son mode d’exploitation et de son faible rendement énergétique.
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Source : Oil Change International, 2017
Portée par un collectif d’organisations et de citoyens actifs dans le mouvement anti-nucléaire et anti-charbon allemand (et, dans une moindre mesure, européen), sa première édition a eu lieu en 2015 en Rhénanie Nord-Westphalie. Elle a été suivie par deux autres éditions (en 2016 en Lusace et en août 2017 en Rhénanie Nord-Westphalie de nouveau) avant l’action du 5 novembre 2017 en marge de la COP23 à Bonn. En effet, l’Allemagne est le premier producteur mondial de lignite, et les quatre bassins d’exploitation principaux sont représentés en vert sur la carte sur la gauche. Pour les participants, l’idée est claire : il s’agit d’aller négocier le climat là où il doit être négocié, c’est-à-dire directement sur les sites d’exploitation d’énergies fossiles.
Le nombre de participants n’a cessé de croître (d’environ 1500 en 2015 à environ 4000 en 2017), réduisant ainsi les risques juridiques encourus par les activistes qui refusent généralement de décliner leur identité : l’idée sous-jacente est de créer la confusion et de miser sur les ressources limitées des autorités allemandes pour 1) établir l’identité des personnes impliquées, 2) les poursuivre en justice par la suite.  Il s’agit également d’agir en solidarité avec les personnes déjà poursuivies ou en situation irrégulière. Cependant, chaque participant reste libre de décliner son identité à tout moment, un briefing légal étant mis à disposition des activistes afin de leur permettre de réaliser leur choix. Pour les personnes ne souhaitant prendre aucun risque, il est également possible d’aider à la logistique de l’événement (en cuisinant par exemple) ou de participer à une manifestation en marge d’Ende Gelände[1].

Comment se prépare Ende Gelände ?
Réunir des milliers d’activistes des quatre coins d’Europe pour bloquer une mine de lignite ne s’improvise bien évidemment pas. En effet, l’organisation d’Ende Gelände est structurée par le biais d’une dizaine de groupes de travail avec une thématique dédiée (finances, presse, questions juridiques, préparation de l’action, logistique etc.). En particulier, le groupe de travail « mobilisation internationale» vise, comme son nom l’indique, à attirer des activistes internationaux (compris comme « non-allemands »). Il se compose de personnes relais qui sont chargées entre autres de prévoir le convoi de militants vers le lieu de l’action et d’organiser en amont des formations  dans leur pays.
Entrer dans une mine (qui reste une propriété privée) ne s’improvise pas, qu’il s’agisse de traverser des lignes de policiers, de connaître les techniques pour tenir un sit-in ou encore de comprendre et de participer à la prise de décision collective pendant l’action. Des formations à l’action sont donc organisées en amont et juste avant l’action (sur place, souvent dans le cadre d’un camp climat) afin de familiariser les participants avec tous ces éléments, et également leur permettre de rencontrer des personnes avec qui ils pourront participer à cette dernière.

Comment se déroule Ende Gelände ?
Il est fortement déconseillé de participer à Ende Gelände seul. En effet, chaque activiste est accompagné pendant l’action de son binôme (la personne avec qui il doit rester dans tous les cas) et d’un groupe affinitaire d’une dizaine de personnes qui doit, autant que faire se peut, rester ensemble également. L’ensemble des groupes affinitaires forment un « doigt » (un groupe de plusieurs centaines de personnes) qui prend une direction vers la mine : plutôt que d’entrer en un seul cortège de plusieurs milliers de personnes dans la mine, la stratégie adoptée consiste à diviser l’ensemble des participants en doigts de plusieurs centaines de personnes, chaque doigt rentrant par un chemin différent dans la mine.
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©Ende Gelände, novembre 2017, mine d’Hambach
Exemple d’un doigt (le doigt vert) qui s’achemine vers la mine d’Hambach. On remarque les combinaisons de travail et les masques de protection de couleur blanche, emblèmes d’Ende Gelände. 
Cette structure (binôme, groupe affinitaire, doigt) a un double objectif : 1) rassurer les activistes et assurer la cohésion et la solidarité dans le groupe, 2) faciliter la prise de décision collective. En effet, les décisions pendant l’action sont prises par consensus selon un système de démocratie représentative : chaque groupe affinitaire désigne un délégué qui doit participer à un « spokescouncil », chargé de prendre certaines décisions selon les préférences exprimées par l’ensemble des groupes affinitaires, comme le montre l’exemple ci-dessous :
Exemple de prise de décision pendant l’action
Situation : le doigt marche vers la mine sur une route et il  y a un barrage policier à 500 mètres : que faire ?
Faut-il le forcer ? Faut-il prendre un chemin alternatif ? Faut-il faire un sit-in afin d’occuper ces policiers et de permettre éventuellement à un autre doigt de réussir à entrer dans la mine ailleurs?
Quelqu’un annonce qu’il y aura un spokescouncil 30 minutes plus tard. Chaque groupe affinitaire se réunit et réfléchit collectivement à ce qui paraît être la meilleure option selon lui. Le groupe désigne un délégué qui ira donner sa position lors du spokescouncil. Pendant ce dernier, une des alternatives est choisie à l’aide de techniques de prises de décision rapide par consensus (évoquées lors des entrainements). L’ensemble des délégués doivent donner leur accord. Si une personne pose un véto, l’option discutée est écartée et la discussion continue jusqu’à trouver un consensus (N.B : dans les faits, les vétos sont rares). Les délégués retournent ensuite auprès de leur groupe affinitaire pour les informer de la décision prise et des modalités de sa mise en œuvre.
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©Ende Gelände, août 2017
Sit-in du doigt « Queer & Feminist » devant un barrage policier, à quelques kilomètres de la mine Garzweiler.
Une fois dans la mine, le but est tout simplement de rester le plus longtemps, de quelques heures à quelques jours. Pour l’édition de novembre 2017, l’objectif était sensiblement différent, étant donné qu’il avait été annoncé en amont que le blocage, de nature symbolique, n’aurait lieu que pendant une journée (contrairement aux autres éditions dont la durée était de plusieurs jours). L’ensemble des doigts ont pu rentrer dans la mine, ce qui n’avait pas été le cas en août dernier par exemple. En effet, le niveau de répression policière varie d’une édition à une autre, en fonction notamment de l’entreprise visée et des directives données par le procureur sur place.
​
Ende Gelände : une action efficace ?
Evaluer l’efficacité d’une action revient à poser la question de l’indicateur adéquat pour la jauger.  Mais peut-on vraiment évaluer Ende Gelände à l’aune de son nombre de participants, de sa couverture médiatique ou encore de ses répercussions sur la mise à l’agenda de certaines problématiques dans les enceintes des négociations climatiques ? Nous ne le pensons pas. La particularité de cette action réside plutôt à nos yeux dans l’engouement qu’elle a su créer (qui dépasse les frontières allemandes), dans son mode d’action (la désobéissance civile non-violente ne faisant pas toujours partie des modes d’action privilégiés par les ONGs climatiques traditionnelles), dans son organisation millimétrée, et également dans des modes de participation à la prise de décision plus inclusifs que dans d’autres types d’actions.

Elle permet également de mettre en lumière les appels récurrents à la justice climatique et aux changements systémiques jugés nécessaires pour répondre à l’urgence climatique. Enfin, elle a réussi selon nous le défi de réconcilier des enjeux locaux (notamment les impacts environnementaux et sanitaires de la production de lignite sur les communautés sur place) et globaux (la lutte contre les changements climatiques et la solidarité Nord/Sud). En ce sens, Ende Gelände a réussi à donner un second souffle non seulement au mouvement climatique européen mais également à la place de la désobéissance civile non-violente en son sein.

Pour en savoir plus : le site d’Ende Gelände et une vidéo explicative
[1] Pour la première fois en novembre 2017, une manifestation autorisée avait été enregistrée. Cette manifestation (le doigt bleu) faisait partie à part entière d’Ende Gelände.

Par Fanny Lajarthe - Doctorante au Centre d’Etudes du Développement Durable de l'ULB

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