La COP24 financée par de grandes compagnies d’énergies fossiles – Par Laura Bruno
La COP24 n’est pas seulement ouverte aux pays négociateurs. Elle y accueille plus de 7 000 observateurs, dont de nombreuses organisations représentant le « business » et l’industrie (appelées les BINGOs). Si on creuse un peu, on trouve sur la liste des différents partenaires de la COP24 des entreprises loin d’être écoresponsables, au business plan non-durable dont par exemple :
- ORLEN : grande compagnie pétrolière d'Europe centrale
- JSWA : premier producteur de charbon à coke de l'UE
- PGNiG : entreprise polonaise du pétrole et du gaz
- LOTOs : la plus grande compagnie de pétrole polonaise
Selon Jesse Bragg de l’ONG Corporate Accountability, spécialisée dans la responsabilité sociétale des entreprises, au-delà du simple « lobbying » exercé par les BINGOs, certaines entreprises interfèrent dans les négociations politiques de manière beaucoup plus problématique, pouvant aller jusqu’à l’intimidation, la propagation de fausses informations sur les instruments de marché ou fausses solutions dans le but de détourner les négociations de leur véritable objectif.
Le partenariat financier entre une conférence dont la première mission est de réduire les émissions de CO2 et des multinationales dont l’activité principale constitue la première cause d’émissions de CO2 dans l’atmosphère pose question.
En réponse à cette situation préoccupante, un mouvement se met en place en ce moment parmi certains Etats : la volonté d’inscrire dans le règlement de la Conférence le fait que les entreprises fossiles et leurs associations de lobby ne puissent pas participer à ces négociations.
En début d'année, 16 ONG environnementales avaient adressé un appel en ce sens à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), qui a rétorqué que l’ONU ne pose que deux conditions aux observateurs : qu'ils se déclarent sans but lucratif et que leur objet ait un lien avec le changement climatique. Or, certaines organisations parmi les plus nocives pour le climat répondent à ces critères. En effet, même si de grandes entreprises ont un but lucratif, l’association qui les représente, formellement n’en a pas.
Combien de temps ces démarches vont-elles prendre avant d’aboutir au retrait concret de l’accréditation des organisations incriminées ? Est-ce seulement envisageable sachant que le président polonais lui-même, Andrzej Sebastian Duda, affirma lors du discours d’ouverture de la COP24 que la dépendance de son pays au charbon n'allait pas à l'encontre des efforts mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique ? Ainsi, la présidence polonaise, hôte de cette COP24, affirme que la Pologne peut continuer à brûler du charbon pour alimenter son économie tout en luttant contre le changement climatique. Or, la science et plus précisément le rapport spécial du GIEC (commandé pour cette COP) confirme le fait qu'une telle affirmation est fausse, en tout cas à terme.
Cette ignorance volontaire est plus qu’alarmante et ne peut qu’affaiblir la lueur d’espoir qui éclairait cette COP.
Sources :
http://en.pgnig.pl/news/-/news-list/id/natural-gas-to-improve-air-quality-pgnig-is-a-partner-of-the-cop24-un-climate-summit/newsGroupId/1910852
https://corporateeurope.org/climate-and-energy/2018/12/big-polluters-bankrolling-cop24
https://cop24.gov.pl/fileadmin/user_upload/files/FENGF10.12_Climate_and_Finance_FINAL__7.12.2018__.pdf
https://news.mongabay.com/2018/12/coal-casts-a-shadow-over-u-n-climate-talks-in-poland/
https://www.rtl.be/info/magazine/science-nature/a-la-cop24-petrole-et-charbon-sont-aussi-dans-la-salle-1081553.aspx
https://www.youtube.com/watch?v=4Cb1T6sMuKA