La déforestation aujourd'hui
Entre 2000 et 2010, la Terre a perdu plus de 520 000 km2 de surface forestière, soit l’équivalent de 17 fois la superficie de la Belgique [1]. Or les forêts sont au cœur de nombreux enjeux : la perte de biodiversité, les changements climatiques, les modes de vie des sociétés ou la production économique. Cela leur confère une importance majeure dans les prises de décisions politiques nationales et internationales.
La déforestation est un phénomène très ancien à l’échelle de l’humanité. Elle est surtout motivée par l’extension de terres agricoles mais aussi par l’urbanisation, l’exploitation minière, la surexploitation de certaines ressources forestières ou les incendies naturels. On a tendance à relier la déforestation à la forêt amazonienne mais il serait trop réducteur de penser que cet enjeu majeur qu’est la préservation des forêts ne concerne qu’une poignée de pays.
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Depuis 2 siècles, le phénomène de déforestation s’est nettement accéléré. Il se concentre dans quelques régions clefs : la forêt amazonienne (Brésil, Colombie, Pérou, etc.), l’Asie du Sud-Est (Indonésie et Malaisie) et l’Afrique équatoriale (RDC, Cameroun, Tanzanie etc.). Même si, au cours de l’histoire, toutes les régions ont été concernées par la problématique de la déforestation, celle-ci est donc majoritairement centrée sur les forêts tropicales actuellement. Elles sont très prisées pour plusieurs raisons. L’extension de terres agricoles est la plus importante. Le Brésil déploie d’énormes champs de soja et de canne à sucre pour soutenir respectivement l’élevage bovin et sa production de biocarburant. De grandes surfaces forestières y sont aussi transformées en pâtures pour bovins. En Indonésie et en Malaisie, la déforestation permet de soutenir la demande mondiale en huile de palme dont les plantations ne sont que rarement durables. Dans de nombreux pays à travers le monde, le développement de cultures sur brûlis reste un mode de survie pour les populations. Entre 200 et 500 millions de personnes pratiquent l’agriculture sur brûlis à travers le monde [2]. Cette technique consiste en le défrichement de parcelles de bois. Ensuite les restes végétaux sont brûlés pour rendre la terre fertile. Mais la terre est rapidement abandonnée (moins de 5 ans plus tard en général) car celle-ci perd de sa fertilité au cours du temps.
La déforestation est un problème global et joue un rôle majeur dans le réchauffement climatique. En effet, les forêts représentent à la fois des puits et des stocks de carbone importants. Couper et brûler des hectares de forêts mène à la libération de CO2. On estime d’ailleurs qu’autour de 10% des émissions mondiales de CO2 sont dues à la déforestation [3]. Un effet supplémentaire est qu’une forêt coupée ne puise plus de CO2 atmosphérique pour se développer à moins qu’on la laisse repousser librement. La déforestation a d’autres impacts dramatiques sur l’environnement. La perte de biodiversité en est un. Les forêts, en particulier en zones tropicales, sont les zones les plus riches en termes de biodiversité. C’est dans le but de préserver celle-ci qu’une part croissante des forêts mondiales deviennent des aires protégées. Aujourd’hui, ces aires couvrent 13% des forêts mondiales, en particulier en Amérique du Nord. D’autres impacts de la déforestation sont la perte de territoires pour certains peuples indigènes, une dérégulation du cycle de l’eau ou une érosion accrue des sols.
Pour comprendre les facteurs de la déforestation, nous devons adopter des prises de vues à différentes échelles.
La déforestation est un problème global et joue un rôle majeur dans le réchauffement climatique. En effet, les forêts représentent à la fois des puits et des stocks de carbone importants. Couper et brûler des hectares de forêts mène à la libération de CO2. On estime d’ailleurs qu’autour de 10% des émissions mondiales de CO2 sont dues à la déforestation [3]. Un effet supplémentaire est qu’une forêt coupée ne puise plus de CO2 atmosphérique pour se développer à moins qu’on la laisse repousser librement. La déforestation a d’autres impacts dramatiques sur l’environnement. La perte de biodiversité en est un. Les forêts, en particulier en zones tropicales, sont les zones les plus riches en termes de biodiversité. C’est dans le but de préserver celle-ci qu’une part croissante des forêts mondiales deviennent des aires protégées. Aujourd’hui, ces aires couvrent 13% des forêts mondiales, en particulier en Amérique du Nord. D’autres impacts de la déforestation sont la perte de territoires pour certains peuples indigènes, une dérégulation du cycle de l’eau ou une érosion accrue des sols.
Pour comprendre les facteurs de la déforestation, nous devons adopter des prises de vues à différentes échelles.

D’abord, à l’échelle globale, la mondialisation a mené à une situation où certains comportements et certaines décisions peuvent mener à une déforestation non seulement locale, mais également dans des régions très éloignées. La croissance de la population mondiale ainsi que de la consommation de viande moyenne poussent les grandes entreprises agro-alimentaires à consommer toujours plus de terres encore inexploitées. A l’échelle nationale, certains pays ne souhaitent pas passer à côté des retombées économiques potentielles d’une exploitation de la forêt, de ses ressources et des terres disponibles après déboisement. Mais la problématique de la déforestation tend à susciter diverses réactions qui peuvent peser sur les gouvernements des pays concernés. Ils doivent faire face aux pressions exercées par les ONG environnementales. Aussi, les pressions internationales sur les gouvernements nationaux pour une meilleure gestion de leurs forêts sont fréquentes et insistantes. Ces pressions internationales sont généralement mal vues car un pays comme le Brésil peut les considérer comme des diktats venus de l’étranger à propos de la gestion de son territoire.
Enfin, l’échelle la plus complexe est l’échelle locale. Si l’opinion publique nationale est généralement défavorable à la déforestation, l’avis des populations dont le mode de vie dépend de la forêt est souvent différent. En effet, pour elles la forêt est parfois l’unique moyen de subsistance. Le Brésil a d’ailleurs légiféré en 1964 pour promouvoir l’exploitation des terrains forestiers afin d’offrir des solutions aux habitants urbains des nombreux bidonvilles. Les possibilités d’y développer des cultures agricoles ou d’y exploiter directement les ressources sont éthiquement difficiles à interdire sans offrir d’autres solutions plus durables et économiquement viables. Enfin, sur le plan pratique, le contrôle et la gestion encadrée d’espaces si vastes requièrent beaucoup d’efforts.
Des initiatives internationales voient petit à petit le jour face à la difficulté, l’évidence et l’urgence de sauver les forêts restantes à la surface du globe. La communauté internationale met d’ailleurs au point le système REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation) depuis 2008. L’idée principale de ce système est que les pays en développement reçoivent une récompense financière en échange d’une limitation de la déforestation. Pour ce faire, le mécanisme REDD+ peut entrer dans le cadre de l’accord de Kyoto. En effet, les pays développés peuvent compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en investissant dans des plans de protection de la forêt dans des pays en développement. Mais REDD+ englobe d’autres actions que la compensation des émissions. Il vise également à motiver des entreprises ou des institutions internationales à entreprendre des projets durables dans les forêts tropicales. Le principe étant qu’il soit dès lors moins rentable pour les pays en développement en question de mettre en place d’autres activités (agriculture, extraction minière, etc.) que de profiter des financements versés.
Ce mécanisme essuie beaucoup de critiques. Par exemple, on lui reproche d’autoriser les grandes entreprises à émettre massivement avec une contrepartie environnementale insuffisante. Egalement, les projets de compensation négligent les enjeux des populations indigènes. Ou encore, l’encadrement des projets est insuffisant pour s’assurer que les forêts subsidiées sont bien gérées de manière durable.
Mais les années récentes semblent néanmoins montrer des signes encourageants. Le rythme de pertes de forêts a diminué de plus de moitié entre les périodes 1990-2000 et 2010-2015. Ces chiffres résultent d’une combinaison d’une réduction de la déforestation dans les régions tropicales et d’une reforestation accrue dans plusieurs pays, la Chine, les USA, le Chili, les Philippines ou l’Australie en tête [1]. Les forêts couvrent encore plus de 30% de la surface terrestre, les systèmes de surveillance n’ont jamais été aussi performants (grâce notamment à l’avènement de l’observation satellitaire) ni aussi globaux ce qui permet à certains pays clefs (notamment en Afrique centrale) d’avoir des données de qualité croissante. Le combat contre la déforestation est encore très loin d’être gagné mais nous semblons être sur une meilleure voie qu’avant. Kenneth MacDicken, chef de l'équipe d'évaluation des ressources forestières mondiales, conclut sur cette note : « La gestion des forêts s'est considérablement améliorée au cours des 25 dernières années. Cela comprend la planification, le partage des connaissances, les législations et les politiques, autant de mesures importantes que les pays ont mises ou mettent en œuvre ».
Enfin, l’échelle la plus complexe est l’échelle locale. Si l’opinion publique nationale est généralement défavorable à la déforestation, l’avis des populations dont le mode de vie dépend de la forêt est souvent différent. En effet, pour elles la forêt est parfois l’unique moyen de subsistance. Le Brésil a d’ailleurs légiféré en 1964 pour promouvoir l’exploitation des terrains forestiers afin d’offrir des solutions aux habitants urbains des nombreux bidonvilles. Les possibilités d’y développer des cultures agricoles ou d’y exploiter directement les ressources sont éthiquement difficiles à interdire sans offrir d’autres solutions plus durables et économiquement viables. Enfin, sur le plan pratique, le contrôle et la gestion encadrée d’espaces si vastes requièrent beaucoup d’efforts.
Des initiatives internationales voient petit à petit le jour face à la difficulté, l’évidence et l’urgence de sauver les forêts restantes à la surface du globe. La communauté internationale met d’ailleurs au point le système REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation) depuis 2008. L’idée principale de ce système est que les pays en développement reçoivent une récompense financière en échange d’une limitation de la déforestation. Pour ce faire, le mécanisme REDD+ peut entrer dans le cadre de l’accord de Kyoto. En effet, les pays développés peuvent compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en investissant dans des plans de protection de la forêt dans des pays en développement. Mais REDD+ englobe d’autres actions que la compensation des émissions. Il vise également à motiver des entreprises ou des institutions internationales à entreprendre des projets durables dans les forêts tropicales. Le principe étant qu’il soit dès lors moins rentable pour les pays en développement en question de mettre en place d’autres activités (agriculture, extraction minière, etc.) que de profiter des financements versés.
Ce mécanisme essuie beaucoup de critiques. Par exemple, on lui reproche d’autoriser les grandes entreprises à émettre massivement avec une contrepartie environnementale insuffisante. Egalement, les projets de compensation négligent les enjeux des populations indigènes. Ou encore, l’encadrement des projets est insuffisant pour s’assurer que les forêts subsidiées sont bien gérées de manière durable.
Mais les années récentes semblent néanmoins montrer des signes encourageants. Le rythme de pertes de forêts a diminué de plus de moitié entre les périodes 1990-2000 et 2010-2015. Ces chiffres résultent d’une combinaison d’une réduction de la déforestation dans les régions tropicales et d’une reforestation accrue dans plusieurs pays, la Chine, les USA, le Chili, les Philippines ou l’Australie en tête [1]. Les forêts couvrent encore plus de 30% de la surface terrestre, les systèmes de surveillance n’ont jamais été aussi performants (grâce notamment à l’avènement de l’observation satellitaire) ni aussi globaux ce qui permet à certains pays clefs (notamment en Afrique centrale) d’avoir des données de qualité croissante. Le combat contre la déforestation est encore très loin d’être gagné mais nous semblons être sur une meilleure voie qu’avant. Kenneth MacDicken, chef de l'équipe d'évaluation des ressources forestières mondiales, conclut sur cette note : « La gestion des forêts s'est considérablement améliorée au cours des 25 dernières années. Cela comprend la planification, le partage des connaissances, les législations et les politiques, autant de mesures importantes que les pays ont mises ou mettent en œuvre ».
par Vincent Verjans
le 12/11/2016
le 12/11/2016
Sources :
[1] : Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2015
[2] : Institut de Recherche pour le Développement, 2008
[3] : Global Carbon Budget, 2015
Pour aller plus loin, consultez le rapport de la FAO « Global Forest Resource assessment » de 2015 sur http://www.fao.org/3/a-i4793e.pdf
[1] : Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2015
[2] : Institut de Recherche pour le Développement, 2008
[3] : Global Carbon Budget, 2015
Pour aller plus loin, consultez le rapport de la FAO « Global Forest Resource assessment » de 2015 sur http://www.fao.org/3/a-i4793e.pdf