Le rôle des experts du climat
Aujourd’hui, les politiques climatiques internationales se basent essentiellement sur les travaux du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) pour évaluer les changements climatiques actuels ainsi que futurs et les risques associés à ceux-ci.
A la fin des années 1980, une partie des gouvernements nationaux sont conscients que les activités anthropiques pourraient influencer à plus ou moins long terme le climat. Toutefois, tout le monde reconnaît la complexité du phénomène. Dès lors, les décideurs politiques, ceux du G7 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, USA et Canada) en tête, militent pour la formation d’un groupe d’experts indépendants qui serait une source objective d’information sur les causes du changement climatique ainsi que leurs risques potentiels. C’est sous leur impulsion que l’Organisation Météorologique Mondiale et le Programme pour l’Environnement des Nations Unies fondent ainsi le GIEC en 1988.
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Le GIEC est un organisme qui a « pour mission de présenter au monde l’état actuel des connaissances scientifiques sur les changements climatiques et leur incidence potentielle sur l’environnement et la sphère socio-économique ». Il ne s’agit donc pas d’un laboratoire entreprenant ses propres recherches. Le GIEC tente de recueillir et d’examiner les informations émanant de nombreuses publications scientifiques à propos des changements climatiques et de présenter une synthèse de ces informations. Son rôle étant de fournir des bases scientifiques solides aux politiciens pour que ceux-ci prennent les décisions nécessaires.
Le bureau du GIEC (son organe exécutif) est constitué de 34 membres élus par une assemblée générale où chaque pays dispose d’une voix. Ces membres sont répartis en trois groupes de travail ayant différents domaines d’expertise : le groupe 1 s’intéresse aux travaux publiés portant sur le fonctionnement physique du système climatique ; le groupe 2 à ceux portant sur la vulnérabilité de la biosphère et de notre système socio-économique face aux changements climatiques et ; le groupe 3 à ceux portant sur les scénarios possibles d’émission de gaz à effet de serre dans l’avenir. Le bureau a pour principale mission de rédiger un rapport d’évaluation qui doit être un outil pour la prise de décision des politiques.
La première étape de la rédaction consiste en l’élaboration d’un sommaire prévisionnel du futur rapport, donc un plan des points précis qui seront évalués. Le bureau doit alors choisir des spécialistes qui sont proposés par les gouvernements nationaux. Ce seront eux les auteurs, séparés dans les trois grands groupes, du rapport. Après une mission d’expertise méticuleuse des connaissances scientifiques publiées, les auteurs publient un premier essai de rapport. Celui-ci est relu par d’autres experts qui émettent leurs commentaires. Les auteurs rédigent alors un second essai qui sera soumis à la relecture d’autres experts mais aussi à celle de tous les gouvernements nationaux. S’ensuit la rédaction d’un essai final qui, après une dernière évaluation par les gouvernements et les experts, aboutira au rapport d’évaluation. La durée totale de la rédaction d’un rapport d’évaluation est en général de 5 années ou un peu plus. Il y a eu 5 rapports d’évaluation depuis le premier de 1990, le dernier datant de 2014.
La structure hybride du GIEC, scientifique mais aussi politique (comme expliqué dans le paragraphe ci-dessus, les gouvernements ont leur mot à dire sur les rapports), lui vaut diverses critiques. Certains affirment que ses conclusions sont subjectives étant donné l’influence des gouvernements sur la rédaction. D’autres soutiennent que les rapports étant issus d’un consensus politique, ils tendent à sous-estimer les changements et les risques climatiques.
Il faut néanmoins souligner certains points forts du GIEC. Le processus d’expertise est ouvert aux commentaires de tout scientifique qui aurait des remarques ou autres propositions à soumettre. Aussi, les auteurs du GIEC sont des scientifiques reconnus pour leurs travaux de recherche et font partie des personnes les plus aptes à entreprendre un tel travail d’expertise. Un autre point important est que toutes les publications considérées pour la rédaction du rapport sont revues par des pairs. C’est-à-dire que la source même des rapports d’évaluation est non seulement rédigée, mais aussi relue et corrigée par différents scientifiques les plus spécialisés dans ce domaine.
Le poids des rapports du GIEC sur les négociations lors des COP (Conférences des Parties) est important. Comme le stipule la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), il doit exister un organe de « conseil scientifique et technologique » pour fournir lors des COP « des renseignements et des avis sur les aspects scientifiques et technologiques de la Convention ». Cet organe doit être « multidisciplinaire » et « composé de représentants des gouvernements faisant autorité dans leur domaine de compétence ». Il se doit aussi d’évaluer, sur le plan scientifique, les mesures prises lors des COP.
Il est intéressant de noter que le GIEC n’est mentionné nulle part dans la CCNUCC. Si le GIEC n’est pas à la hauteur ou si un autre organe venait à se montrer plus efficace dans le domaine de l’expertise climatique, un remplacement du GIEC n’est pas à exclure. Mais à l’heure actuelle, malgré les critiques et quelques événements qui ont terni son image auprès de certains, le GIEC constitue un organe scientifique dont le fonctionnement et la qualité des travaux sont inégalés. Et il est probable que son rôle sera encore plus important à l’avenir, car les gouvernements semblent sur la voie de prendre des mesures plus concrètes contre le réchauffement climatique. Raison pour laquelle il a déjà été demandé au GIEC d’établir pour 2018 un rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C, l’objectif vers lequel tendent les nations comme le témoigne l’Accord de Paris.
Le bureau du GIEC (son organe exécutif) est constitué de 34 membres élus par une assemblée générale où chaque pays dispose d’une voix. Ces membres sont répartis en trois groupes de travail ayant différents domaines d’expertise : le groupe 1 s’intéresse aux travaux publiés portant sur le fonctionnement physique du système climatique ; le groupe 2 à ceux portant sur la vulnérabilité de la biosphère et de notre système socio-économique face aux changements climatiques et ; le groupe 3 à ceux portant sur les scénarios possibles d’émission de gaz à effet de serre dans l’avenir. Le bureau a pour principale mission de rédiger un rapport d’évaluation qui doit être un outil pour la prise de décision des politiques.
La première étape de la rédaction consiste en l’élaboration d’un sommaire prévisionnel du futur rapport, donc un plan des points précis qui seront évalués. Le bureau doit alors choisir des spécialistes qui sont proposés par les gouvernements nationaux. Ce seront eux les auteurs, séparés dans les trois grands groupes, du rapport. Après une mission d’expertise méticuleuse des connaissances scientifiques publiées, les auteurs publient un premier essai de rapport. Celui-ci est relu par d’autres experts qui émettent leurs commentaires. Les auteurs rédigent alors un second essai qui sera soumis à la relecture d’autres experts mais aussi à celle de tous les gouvernements nationaux. S’ensuit la rédaction d’un essai final qui, après une dernière évaluation par les gouvernements et les experts, aboutira au rapport d’évaluation. La durée totale de la rédaction d’un rapport d’évaluation est en général de 5 années ou un peu plus. Il y a eu 5 rapports d’évaluation depuis le premier de 1990, le dernier datant de 2014.
La structure hybride du GIEC, scientifique mais aussi politique (comme expliqué dans le paragraphe ci-dessus, les gouvernements ont leur mot à dire sur les rapports), lui vaut diverses critiques. Certains affirment que ses conclusions sont subjectives étant donné l’influence des gouvernements sur la rédaction. D’autres soutiennent que les rapports étant issus d’un consensus politique, ils tendent à sous-estimer les changements et les risques climatiques.
Il faut néanmoins souligner certains points forts du GIEC. Le processus d’expertise est ouvert aux commentaires de tout scientifique qui aurait des remarques ou autres propositions à soumettre. Aussi, les auteurs du GIEC sont des scientifiques reconnus pour leurs travaux de recherche et font partie des personnes les plus aptes à entreprendre un tel travail d’expertise. Un autre point important est que toutes les publications considérées pour la rédaction du rapport sont revues par des pairs. C’est-à-dire que la source même des rapports d’évaluation est non seulement rédigée, mais aussi relue et corrigée par différents scientifiques les plus spécialisés dans ce domaine.
Le poids des rapports du GIEC sur les négociations lors des COP (Conférences des Parties) est important. Comme le stipule la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), il doit exister un organe de « conseil scientifique et technologique » pour fournir lors des COP « des renseignements et des avis sur les aspects scientifiques et technologiques de la Convention ». Cet organe doit être « multidisciplinaire » et « composé de représentants des gouvernements faisant autorité dans leur domaine de compétence ». Il se doit aussi d’évaluer, sur le plan scientifique, les mesures prises lors des COP.
Il est intéressant de noter que le GIEC n’est mentionné nulle part dans la CCNUCC. Si le GIEC n’est pas à la hauteur ou si un autre organe venait à se montrer plus efficace dans le domaine de l’expertise climatique, un remplacement du GIEC n’est pas à exclure. Mais à l’heure actuelle, malgré les critiques et quelques événements qui ont terni son image auprès de certains, le GIEC constitue un organe scientifique dont le fonctionnement et la qualité des travaux sont inégalés. Et il est probable que son rôle sera encore plus important à l’avenir, car les gouvernements semblent sur la voie de prendre des mesures plus concrètes contre le réchauffement climatique. Raison pour laquelle il a déjà été demandé au GIEC d’établir pour 2018 un rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C, l’objectif vers lequel tendent les nations comme le témoigne l’Accord de Paris.
par Vincent Verjans
le 07/11/2016
le 07/11/2016
Pour aller plus loin…
(1) www.ipcc.ch: le site officiel du GIEC proposant beaucoup d’explications sur son fonctionnement, son calendrier, son histoire, etc.
(2) Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ou les défis d’un mariage arrangé entre science et politique, Ceriscope 2014 : un article rédigé par Kari De Pryck, chercheuse en sciences politiques au Centre de Recherches Internationales (CERI)
(3) "Au-délà du GIEC, de nouvelles formes d'expertise sur le climat son nécessaires" par Krystel Wanneau & Kary de Pryck http://ulbinsideparis.tumblr.com/post/133520051536/au-delà-du-giec-de-nouvelles-formes-dexpertise
(1) www.ipcc.ch: le site officiel du GIEC proposant beaucoup d’explications sur son fonctionnement, son calendrier, son histoire, etc.
(2) Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ou les défis d’un mariage arrangé entre science et politique, Ceriscope 2014 : un article rédigé par Kari De Pryck, chercheuse en sciences politiques au Centre de Recherches Internationales (CERI)
(3) "Au-délà du GIEC, de nouvelles formes d'expertise sur le climat son nécessaires" par Krystel Wanneau & Kary de Pryck http://ulbinsideparis.tumblr.com/post/133520051536/au-delà-du-giec-de-nouvelles-formes-dexpertise