Une étude publiée dans la revue scientifique Nature le 31 juillet 2017 affirme que la probabilité de maintenir, d’ici 2100, l’augmentation de la température à 2 °C par rapport aux valeurs préindustrielles est faible. L’étude Le modèle statistique utilisé dans l’étude est basé sur l’équation de Kaya. Il s’agit d’une équation permettant de projeter le niveau des futures émissions d’un pays en les calculant comme un produit de 3 composantes : la population, le PIB par habitant et l’intensité carbone (c'est-à-dire la quantité de CO2 émise par unité de PIB)[1]. Cette équation a été appliquée à l’ensemble des pays pour créer un modèle qui tient compte des effets de politiques d'atténuation des émissions. Les résultats obtenus ne sont pas très optimistes.
En effet, une augmentation de la température globale comprise entre 2.0 et 4.9 °C d’ici 2100 est projetée, avec une valeur médiane de 3.2 °C. Il apparaît également que la probabilité de maintenir le réchauffement sous les 2 °C est de seulement 5 %. Cette probabilité descend à 1 % pour l’objectif de 1.5 °C, si cher aux petits États insulaires. Il faut noter que ce modèle prend en compte les politiques d’atténuation actuellement mises en place ou annoncées par les différents pays. Toute action menant à des réductions d’émissions supplémentaires augmente la probabilité de ne pas dépasser ces seuils de température.
[1] Les données historiques du PIB/habitant et de l’intensité carbone pour la période 1960 – 2010 ont été utilisées pour la plupart des pays comme inputs ainsi que les nouvelles projections de population des Nations Unies.
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L’objectif de + 2°C a-t-il encore un sens ? Apparu la première fois dans les textes onusiens lors de la COP de 2009 à Copenhague, l’objectif de limitation du réchauffement à +2 °C par rapport au niveau pré-industriel est défini par de nombreux scientifiques comme un seuil critique permettant de limiter les conséquences les plus néfastes des changements climatiques. Ces conséquences sont multiples : sécheresses, vagues de chaleur, cyclones, inondations, montée du niveau marin, blanchissement des coraux, extinction d’espèces, migrations climatiques, insécurité alimentaire, risques accrus de conflits et de maladies, etc.
L’évolution du climat n’étant pas linéaire, un emballement du système avec une accélération du dérèglement déjà observé est également redouté si cette limite est dépassée, impliquant des conséquences irréversibles et des modifications profondes du système climatique.
Une inquiétude partagée du côté scientifique Ce constat de danger pressant est soutenu par la récente publication dans la revue BioScience (https://academic.oup.com/bioscience/article/4605229) ce lundi 13 novembre d’un manifeste signé par plus de 15 000 scientifiques de 184 pays dans lequel les auteurs déclarent que « l’humanité ne fait pas ce qui devrait être entrepris de manière urgente pour sauvegarder la biosphère menacée » et insistent même : « Bientôt, il sera trop tard pour inverser cette tendance dangereuse ». Il faut remarquer que cet article est loin de se limiter au climat, il inclut aussi, par exemple, les fortes dégradations de la biodiversité enregistrées ces dernières décennies qui ne proviennent pas directement des changements climatiques mais bien des impacts de nos modes de consommation sur les écosystèmes.
Une urgence à traduire en actions Soyons pragmatiques, aujourd’hui, nous n'avons plus le choix. Les conséquences des changements climatiques sont déjà là, inévitables (le niveau marin a augmenté de 20 centimètres depuis le début du 20ème siècle, des catastrophes naturelles sont observées plus fréquemment et sont plus intenses,...) et tous les indicateurs sont dans le rouge. En n’agissant pas rapidement, nous laisserions le système climatique emprunter une direction dangereuse, avec des conséquences irréversibles et incalculables.
Heureusement, des solutions existent déjà, technologiques, économiques, et aussi comportementales. De nouveaux gestes peuvent être adoptés facilement au quotidien, par exemple :
changer son régime alimentaire : au minimum en choisissant des produits locaux et de saison, en diminuant sa consommation de viande et en évitant le bœuf, responsable de beaucoup plus d’émissions de gaz à effet de serre que les autres types de viande ;
modifier ses moyens de déplacement : en rationalisant ses déplacements, en prenant le vélo pour les trajets inférieurs à 5 km et en favorisant les transports en commun ;
diminuer sa consommation d’énergie : en optant pour des choix d’habitat durables et performants du point de vue énergétique, et tout simplement en pensant à éteindre la lumière, à couper les appareils en mode veille et en diminuant le chauffage.
Si les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer pour initier la transition écologique de nos sociétés, c’est donc aussi à nous, à chacun d'entre nous, de changer nos modes de vie. Parce que le temps presse et que le temps de l'inaction, c'est fini, c’est dépassé.
C’est à toi. C’est à moi. C’est à nous. À nous de changer les choses.