Présidentielles américaines : quels enjeux pour le climat?
Les élections américaines opposant le candidat républicain Donald Trump à la démocrate Hilary Clinton auront lieu le 8 novembre prochain, soit moins d'un an après l'Accord de Paris. Quels sont les enjeux pour les négociations climatiques de ces élections?
Le 8 novembre 2016 se tiendront les élections pour choisir qui de Donald Trump ou de Hilary Clinton sera le prochain président des Etats-Unis. Soit le prochain président d’un pays de 320 millions d’habitants qui représente une force économique et diplomatique incontestable à l’échelle mondiale et qui totalise plus de 15% des émissions de CO2 mondiales [1]. Le choix du peuple américain, survenant moins d’un an après l’Accord de Paris, influencera-t-il la politique climatique globale ?
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Une chose est certaine : les deux candidats ont une vision très différente du changement climatique. Et cet enjeu pourrait influencer le choix des électeurs. En effet, 64% des Américains se disent concernés par le réchauffement global [2] et ils sont plus nombreux d’année en année. Ce pourcentage grimpe jusqu’à 92 pour les supporters de Clinton mais plonge à 56 pour ceux de Trump [3]. Un rapide coup d’œil sur les positions des deux candidats s’impose.
« Nous allons annuler l’Accord de Paris », « Je ne suis pas vraiment convaincu du changement climatique anthropique », « Le concept du réchauffement climatique a été inventé par la Chine pour rendre l’industrie américaine non-compétitive ». Le point commun entre ces trois phrases est qu’elles ont été prononcées par Donald Trump. L’homme ne fait pas de la politique climatique une priorité et le clame haut et fort. Il y voit un obstacle à l’économie nationale et veut relancer les grands projets de mines de charbon ou d’oléoducs pétroliers comme celui de Keystone. S’il devient président, une telle prise de position serait inquiétante pour la politique climatique internationale qui semble (enfin diront certains) être sur la bonne voie depuis l’Accord de Paris.
Tout pays ayant ratifié l’Accord de Paris, ce qui est le cas des Etats-Unis, peut se désister après un délai de trois ans. Or, on a déjà assisté de la part du président républicain G. W. Bush à l’arrêt de tout effort d’adoption du protocole de Kyoto qui avait été auparavant signé par l’administration du président démocrate B. Clinton. L’histoire se répétera-t-elle ?
C’est ce que craint Laurent Fabius qui a déjà annoncé que l’élection d’un opposant à l’Accord serait une menace pour le déroulement des politiques climatiques internationales. En effet, un retrait des Etats-Unis emboîterait probablement le pas à d’autres et à des ambitions revues à la baisse au niveau mondial.
Hilary Clinton semble bien plus concernée par les changements climatiques qu’elle qualifie notamment de défi le plus conséquent et le plus urgent qui doit être relevé par la nation et par le monde entier. Elle annonce des objectifs concrets comme : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2025 et de plus de 80% d’ici 2050 ; investir dans les technologies basées sur l’énergie verte, dans leur recherche et leur développement ; aider les employés des mines de charbon à bénéficier de nouveaux emplois ; donner la priorité à une justice environnementale ; ou encore améliorer le suivi des impacts des changements climatiques. Elle veut travailler dans la continuité de l’administration Obama qui a notamment mis en place le « Clean Power Plan » [4]. Toutefois, elle devra faire face aux oppositions du Congrès américain (à majorité républicaine) et elle devra probablement aller plus loin encore dans ses objectifs pour réduire la menace du changement climatique. Au regard de son engagement, des chercheurs de l’Université de Columbia soulignent qu’elle pourrait assurer un leadership mondial dans l’adoption de plus grandes ambitions et surtout de méthodes permettant d’atteindre ces ambitions.
La position des Etats-Unis est d’une importance capitale. Les Etats-Unis ont connu un premier revirement de politique envers les changements climatiques avec l’élection d’Obama en 2008. Son double mandat a mené à des actions concrètes et une ambition nettement plus prometteuse. Il serait dommage que ces efforts connaissent un revers alors qu’ils n’en sont encore qu’à leur stade embryonnaire.
« Nous allons annuler l’Accord de Paris », « Je ne suis pas vraiment convaincu du changement climatique anthropique », « Le concept du réchauffement climatique a été inventé par la Chine pour rendre l’industrie américaine non-compétitive ». Le point commun entre ces trois phrases est qu’elles ont été prononcées par Donald Trump. L’homme ne fait pas de la politique climatique une priorité et le clame haut et fort. Il y voit un obstacle à l’économie nationale et veut relancer les grands projets de mines de charbon ou d’oléoducs pétroliers comme celui de Keystone. S’il devient président, une telle prise de position serait inquiétante pour la politique climatique internationale qui semble (enfin diront certains) être sur la bonne voie depuis l’Accord de Paris.
Tout pays ayant ratifié l’Accord de Paris, ce qui est le cas des Etats-Unis, peut se désister après un délai de trois ans. Or, on a déjà assisté de la part du président républicain G. W. Bush à l’arrêt de tout effort d’adoption du protocole de Kyoto qui avait été auparavant signé par l’administration du président démocrate B. Clinton. L’histoire se répétera-t-elle ?
C’est ce que craint Laurent Fabius qui a déjà annoncé que l’élection d’un opposant à l’Accord serait une menace pour le déroulement des politiques climatiques internationales. En effet, un retrait des Etats-Unis emboîterait probablement le pas à d’autres et à des ambitions revues à la baisse au niveau mondial.
Hilary Clinton semble bien plus concernée par les changements climatiques qu’elle qualifie notamment de défi le plus conséquent et le plus urgent qui doit être relevé par la nation et par le monde entier. Elle annonce des objectifs concrets comme : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2025 et de plus de 80% d’ici 2050 ; investir dans les technologies basées sur l’énergie verte, dans leur recherche et leur développement ; aider les employés des mines de charbon à bénéficier de nouveaux emplois ; donner la priorité à une justice environnementale ; ou encore améliorer le suivi des impacts des changements climatiques. Elle veut travailler dans la continuité de l’administration Obama qui a notamment mis en place le « Clean Power Plan » [4]. Toutefois, elle devra faire face aux oppositions du Congrès américain (à majorité républicaine) et elle devra probablement aller plus loin encore dans ses objectifs pour réduire la menace du changement climatique. Au regard de son engagement, des chercheurs de l’Université de Columbia soulignent qu’elle pourrait assurer un leadership mondial dans l’adoption de plus grandes ambitions et surtout de méthodes permettant d’atteindre ces ambitions.
La position des Etats-Unis est d’une importance capitale. Les Etats-Unis ont connu un premier revirement de politique envers les changements climatiques avec l’élection d’Obama en 2008. Son double mandat a mené à des actions concrètes et une ambition nettement plus prometteuse. Il serait dommage que ces efforts connaissent un revers alors qu’ils n’en sont encore qu’à leur stade embryonnaire.
par Vincent Verjans
19/10/2016
19/10/2016
N.D.A. :
Cet article se base largement sur celui de Mme Renee Cho, chercheuse à l’Université Columbia de New York (Cho (R.), Trump vs. Clinton: What the Election Could Mean for Climate Policy, 18 Mai 2016)
Les traductions des citations ont été réalisées par l’auteur lui-même.
[1] Source : Global Carbon Atlas
[2] Source : sondage de The Gallup Organization
[3] Source : Yale Program on Climate Change
[4] Le Clean Power Plan est un plan mis en place par Barack Obama et son administration visant notamment à : réduire les émissions de CO2 des USA de 32% en 2030 par rapport à 2005, à diminuer la proportion du charbon dans la production énergétique et à augmenter celle des énergies renouvelables.
Cet article se base largement sur celui de Mme Renee Cho, chercheuse à l’Université Columbia de New York (Cho (R.), Trump vs. Clinton: What the Election Could Mean for Climate Policy, 18 Mai 2016)
Les traductions des citations ont été réalisées par l’auteur lui-même.
[1] Source : Global Carbon Atlas
[2] Source : sondage de The Gallup Organization
[3] Source : Yale Program on Climate Change
[4] Le Clean Power Plan est un plan mis en place par Barack Obama et son administration visant notamment à : réduire les émissions de CO2 des USA de 32% en 2030 par rapport à 2005, à diminuer la proportion du charbon dans la production énergétique et à augmenter celle des énergies renouvelables.