Réchauffement… et donc refroidissement climatique ?!
Par Benjamin Van Bocxlaer
A l’heure où l’on parle de réchauffement climatique, il s’agit d’insister sur le fait que la hausse de température que nous connaissons depuis le siècle dernier s’accompagne aussi d’une série de changements climatiques en tous genres, y compris des records de froid dans certaines régions du globe.
Deux études publiées le 11 avril 2018 dans la revue scientifique Nature ont réaffirmé la possibilité d’un refroidissement futur lié à l’affaiblissement du Gulf Stream avec preuves à l’appui.
Mais qu’est-ce que le Gulf Stream ?
Il s’agit d’un courant marin chaud de l’Atlantique Nord qui prend naissance dans les eaux chaudes de surface de la Mer des Caraïbes. Ce courant fait partie de la circulation thermohaline (les moteurs étant la température et le sel). Il s’étend ensuite jusqu’aux pays de l’Europe de l’Ouest qui connaissent un climat tempéré par la pluie provenant de l’évaporation des eaux chaudes du courant. Cette partie de l’Europe évite ainsi les hivers rigoureux que connaissent les façades est du Canada et du nord des Etats-Unis pourtant aux mêmes latitudes.
Ensuite, c’est le courant nord-atlantique qui prend le relais jusqu’en Arctique. Lors de ce trajet, l’eau salée se refroidit. Elle devient donc plus dense et coule sous l’eau plus douce et plus chaude issue de la fonte des glaciers du Groenland. L’eau salée froide repart ainsi dans l’autre sens en profondeur vers le sud pour à nouveau se réchauffer et le sel s’évaporer, le cycle recommençant.
Deux études publiées le 11 avril 2018 dans la revue scientifique Nature ont réaffirmé la possibilité d’un refroidissement futur lié à l’affaiblissement du Gulf Stream avec preuves à l’appui.
Mais qu’est-ce que le Gulf Stream ?
Il s’agit d’un courant marin chaud de l’Atlantique Nord qui prend naissance dans les eaux chaudes de surface de la Mer des Caraïbes. Ce courant fait partie de la circulation thermohaline (les moteurs étant la température et le sel). Il s’étend ensuite jusqu’aux pays de l’Europe de l’Ouest qui connaissent un climat tempéré par la pluie provenant de l’évaporation des eaux chaudes du courant. Cette partie de l’Europe évite ainsi les hivers rigoureux que connaissent les façades est du Canada et du nord des Etats-Unis pourtant aux mêmes latitudes.
Ensuite, c’est le courant nord-atlantique qui prend le relais jusqu’en Arctique. Lors de ce trajet, l’eau salée se refroidit. Elle devient donc plus dense et coule sous l’eau plus douce et plus chaude issue de la fonte des glaciers du Groenland. L’eau salée froide repart ainsi dans l’autre sens en profondeur vers le sud pour à nouveau se réchauffer et le sel s’évaporer, le cycle recommençant.
Pourquoi son affaiblissement ?
En raison d’un apport massif d’eau douce si la fonte des glaciers venait à s’accélérer, à un certain stade, ce courant pourrait être bloqué plus rapidement dans sa trajectoire et ne pourrait plus réchauffer les pays de l’Europe de l’Ouest perturbant ainsi l’ensemble de la circulation méridionale dans l’Atlantique Nord.
Pourquoi son affaiblissement ?
En raison d’un apport massif d’eau douce si la fonte des glaciers venait à s’accélérer, à un certain stade, ce courant pourrait être bloqué plus rapidement dans sa trajectoire et ne pourrait plus réchauffer les pays de l’Europe de l’Ouest perturbant ainsi l’ensemble de la circulation méridionale dans l’Atlantique Nord.
Les deux études : la faute à qui ?
La première étude [1], menée par David Thornalley et son équipe, du département de géographie de l’Université de Londres, affirme que les courants océaniques de l’Atlantique influençant le climat tempéré de l’Europe de l’Ouest n’ont jamais été aussi faibles depuis 1600 ans. Ils estiment la baisse de ceux-ci à 15%, soit plus de 3 millions de mètres cube d’eau par seconde en moins, ce qui équivaut au débit réuni de 15 fleuves de la taille de l’Amazone.
Par une technique de comparaison de sédiments marins datant de différentes époques, les chercheurs ont démontré que le courant avait été plutôt stable entre l’an 400 et 1850 pour ensuite commencer à ralentir. Comme cause probable, ils évoquent la fin du « Petit Âge Glaciaire » vers 1850 dans la région de l’Atlantique Nord qui, en provoquant la fonte des glaciers, a entraîné un apport d’eau douce à l’océan.
La seconde [2] , menée par Levke Caesar et Stefan Rhamstorf, de l’Institut de recherche de Potsdam, constate également un ralentissement de 15 % mais qui serait plus récent pour remonter aux années 1950. Selon eux, le responsable, c’est l’activité humaine qui, en ayant accéléré la fonte des glaces, a conduit à ce ralentissement.
Est-ce qu’un tel événement s’est déjà produit dans le passé ?
A priori, oui. Il y a environ 14500 ans, à la dernière transition glaciaire-interglaciaire, un réchauffement brutal s’est produit, suivi très rapidement (quelques centaines d’années plus tard) par un refroidissement brutal progressif de 2 à 3000 ans. Cette période provisoire de refroidissement marquée principalement dans l’hémisphère nord est appelée le Younger Dryas. En parallèle, plusieurs calottes glaciaires de l’hémisphère nord ont reculé de manière significative, entraînant un apport important d’eau douce en surface dans l’Atlantique Nord et empêchant ainsi la remontée des eaux chaudes du Gulf Stream vers l’Europe.
En outre, depuis plusieurs années déjà, et ce même dans les modélisations futures du climat, une anomalie de température basse est relevée en plein Océan Atlantique Nord, au sud du Groenland.
[1] THORNALLEY, D., et al, 12 april 2018. Anomalously weak Labrador Sea convection and Atlantic overturning during the past 150 years.
[2] CAESAR, L., RAHMSTORF, S., et al, 12 april 2018. Observed fingerprint of a weakening Atlantic Ocean overturning circulation.
Est-ce de la poudre aux yeux ?
Il y a une dizaine d’années, un rapport commandé par le Ministère de la Défense des Etats-Unis[1] avait même envisagé ce changement climatique abrupt comme scénario de base pour alerter les autorités américaines des conséquences d’un tel changement sur les populations humaines à travers le monde. Ils ont insisté sur le fait que des mouvements de population massifs étaient inévitables. Apprendre à contrôler ces mouvements de population, les tensions qui surgissent aux frontières et les réfugiés qui en résultent deviendraient ainsi les principaux enjeux de ce changement.
Remarque-t-on déjà les effets de ce refroidissement en Europe ?
La récurrence d’épisodes froids courts ces dernières années (voir à ce titre la Tempête Emma de mars 2018 ayant engendré les pires chutes de neige en Irlande depuis 1982) pourrait en être un signe mais comme pour tout événement météorologique extrême, il faut vérifier que cette tendance se répète sur plusieurs dizaines d’années pour parler réellement de refroidissement lié au réchauffement climatique global.
De plus, il est très difficile d’imputer la responsabilité d’un événement météorologique extrême à un seul et même changement climatique. En effet, on ne nous rappellera jamais assez à quel point le climat est par définition une science de l’interaction. Ainsi, dans notre cas, en plus de la circulation océanique, il ne faut pas oublier de considérer la circulation atmosphérique qui, elle, dépend d’autres paramètres.
Une chose est sûre, il est important d’insister combien il faut rester prudent sur les mots que nous employons et ne pas généraliser en résumant les changements climatiques, ou le dérèglement climatique, à un simple « réchauffement climatique ».
[1] An Abrupt Climate Change Scenario and Its Implications for United States National Security, October 2003, by Peter Schwartz and Doug Randall. A report commissioned by the U.S. Defense Department.
Nos sources :
https://www.nature.com/articles/d41586-018-04086-4
https://www.nature.com/articles/s41586-018-0007-4
https://www.nature.com/articles/s41586-018-0006-5
https://eesc.columbia.edu/courses/v1003/readings/Pentagon.pdf
https://usbeketrica.com/article/vers-un-refroidissement-de-l-europe-malgre-le-rechauffement-climatique