Rencontre avec Henri Waisman, un des auteurs du chapitre 5 sur le développement durable du rapport spécial 1,5°C du GIEC - Par Juliette Garain & Benjamin Van Bocxlaer
Henri Waisman, vous êtes chercheur senior au sein du programme Climat qui est axé sur les trajectoires de développement bas carbone à long-terme. Coordinateur du Deep Decarbonization Pathways Project (DDPP), vous cherchez à mobiliser l’analyse de long terme comme outil de soutien au processus politique enclenché par l’Accord de Paris. C’est notamment dans ce cadre que vous avez été chargé de rédiger le chapitre 5 "Développement durable, éradication de la pauvreté et réduction des inégalités" du rapport spécial 1,5°C du GIEC.
En quelques mots, quel est l’objectif de ce chapitre et comment ce sujet a-t-il été intégré dans ce rapport spécial ?
Le chapitre 5 du rapport spécial sur le réchauffement global à 1,5°C prend la question du développement durable, de l’éradication de la pauvreté et de la réduction des inégalités comme point d’entrée de la discussion. Il vise à analyser les synergies et les possibles compromis avec ces objectifs dans les transformations vers un monde à 1,5°C.
Il montre que limiter le changement climatique est en fait une condition nécessaire du développement, que chaque dixième de degré compte, car les impacts additionnels associés à un changement climatique plus important affectent fortement les fondamentaux du développement en affectant par exemple les rendements agricoles de ressources clés, en exposant les populations à des pénuries d’eau, en multipliant les menaces d’événements extrêmes frappant durement les populations etc… Sans maîtrise du changement climatique, il n’y a pas de développement juste et inclusif possible car ce sont les populations les plus pauvres qui seront les plus durement touchées et qui auront moins les capacités de s’adapter.
Le climat et le développement (notamment celui des pays en développement) sont-ils deux aspects incompatibles ? Faut-il modifier la société de fond en comble ?
Tout l’enjeu est de construire des stratégies d’atténuation – c’est-à-dire de réduction des émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique – qui soutiennent les objectifs de développement. L’analyse montre que les politiques d’atténuation ont de nombreuses synergies avec les objectifs de développement, comme la santé, l’énergie propre, les villes durables ou la préservation des écosystèmes marins. Il y a aussi des risques de compromis avec par exemple, l’accès à l’énergie ou à l’eau, la réduction de la pauvreté ou la réduction de la faim. Pour maximiser les synergies et limiter les risques de compromis, les stratégies d’atténuation doivent satisfaire plusieurs conditions :
- Agir vite pour garder ouvertes les possibilités de faire des choix dans l’avenir - Combiner les actions de différents acteurs en mobilisant l’ensemble des acteurs opérant à différentes échelles
- Penser de façon stratégique en s’appuyant sur des combinaisons d’actions systémiques, dynamiques et adaptées à chaque contexte
- Coordonner les actions en favorisant la coopération internationale (sur les technologies, la finance, les capacités) qui est déterminante pour l’efficacité et l’équité de la transition
Une fois l’Accord de Paris adopté, les Etats ne sont pas contraints obligatoirement de réduire leurs émissions. Pensez-vous qu’ils vont arriver à atteindre l’objectif de 1,5°C de cette manière ?
La logique même de l’Accord de Paris est de favoriser un processus d’apprentissage de chaque acteur qui doit lui permettre d’accroître progressivement l’ambition de son action en fonction des progrès de connaissance. En particulier, une meilleure compréhension des conditions auxquelles une ambition climatique supérieure peut favoriser l’atteinte des objectifs de développement est une condition nécessaire pour encourager l’adoption d’engagements plus audacieux. Dans tous les cas, même si l’objectif de 1,5°C n’était pas atteint, tout effort supplémentaire est bienvenu, car il permettra d’éviter le pire et laissera la place pour l’espoir d’un développement plus juste.
Pour plus d'informations en rapport avec ce sujet :
http://www.ipcc.ch/pdf/special-reports/sr15/sr15_chapter5.pdf
https://www.iddri.org/fr/iddri-en-bref/equipe/henri-waisman
https://ideas4development.org/rapport-giec-objectif-degre/
http://cedd-pes.com/services/objectif-15c-est-il-deja-trop-tard/
En quelques mots, quel est l’objectif de ce chapitre et comment ce sujet a-t-il été intégré dans ce rapport spécial ?
Le chapitre 5 du rapport spécial sur le réchauffement global à 1,5°C prend la question du développement durable, de l’éradication de la pauvreté et de la réduction des inégalités comme point d’entrée de la discussion. Il vise à analyser les synergies et les possibles compromis avec ces objectifs dans les transformations vers un monde à 1,5°C.
Il montre que limiter le changement climatique est en fait une condition nécessaire du développement, que chaque dixième de degré compte, car les impacts additionnels associés à un changement climatique plus important affectent fortement les fondamentaux du développement en affectant par exemple les rendements agricoles de ressources clés, en exposant les populations à des pénuries d’eau, en multipliant les menaces d’événements extrêmes frappant durement les populations etc… Sans maîtrise du changement climatique, il n’y a pas de développement juste et inclusif possible car ce sont les populations les plus pauvres qui seront les plus durement touchées et qui auront moins les capacités de s’adapter.
Le climat et le développement (notamment celui des pays en développement) sont-ils deux aspects incompatibles ? Faut-il modifier la société de fond en comble ?
Tout l’enjeu est de construire des stratégies d’atténuation – c’est-à-dire de réduction des émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique – qui soutiennent les objectifs de développement. L’analyse montre que les politiques d’atténuation ont de nombreuses synergies avec les objectifs de développement, comme la santé, l’énergie propre, les villes durables ou la préservation des écosystèmes marins. Il y a aussi des risques de compromis avec par exemple, l’accès à l’énergie ou à l’eau, la réduction de la pauvreté ou la réduction de la faim. Pour maximiser les synergies et limiter les risques de compromis, les stratégies d’atténuation doivent satisfaire plusieurs conditions :
- Agir vite pour garder ouvertes les possibilités de faire des choix dans l’avenir - Combiner les actions de différents acteurs en mobilisant l’ensemble des acteurs opérant à différentes échelles
- Penser de façon stratégique en s’appuyant sur des combinaisons d’actions systémiques, dynamiques et adaptées à chaque contexte
- Coordonner les actions en favorisant la coopération internationale (sur les technologies, la finance, les capacités) qui est déterminante pour l’efficacité et l’équité de la transition
Une fois l’Accord de Paris adopté, les Etats ne sont pas contraints obligatoirement de réduire leurs émissions. Pensez-vous qu’ils vont arriver à atteindre l’objectif de 1,5°C de cette manière ?
La logique même de l’Accord de Paris est de favoriser un processus d’apprentissage de chaque acteur qui doit lui permettre d’accroître progressivement l’ambition de son action en fonction des progrès de connaissance. En particulier, une meilleure compréhension des conditions auxquelles une ambition climatique supérieure peut favoriser l’atteinte des objectifs de développement est une condition nécessaire pour encourager l’adoption d’engagements plus audacieux. Dans tous les cas, même si l’objectif de 1,5°C n’était pas atteint, tout effort supplémentaire est bienvenu, car il permettra d’éviter le pire et laissera la place pour l’espoir d’un développement plus juste.
Pour plus d'informations en rapport avec ce sujet :
http://www.ipcc.ch/pdf/special-reports/sr15/sr15_chapter5.pdf
https://www.iddri.org/fr/iddri-en-bref/equipe/henri-waisman
https://ideas4development.org/rapport-giec-objectif-degre/
http://cedd-pes.com/services/objectif-15c-est-il-deja-trop-tard/