L'agenda Ocean-Climate Action - Par Benjamin Van Bocxlaer
Le 14 septembre 2018 au Global Climate Action Summit (GCAS) de San Francisco, les dirigeants de notre planète ont discuté, entre autres, de la mise en œuvre de l’Ocean-Climate Action Agenda tant à l’échelle mondiale que locale dans le but de respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Dans cet article nous allons synthétiser les points concernant l’océan abordés lors de ce sommet.
Au programme de cet agenda, on trouve une série de solutions qui explorent le rôle crucial de l’océan en matière de lutte contre le changement climatique. Elles soutiennent aussi les efforts des populations pour s’adapter aux nouvelles conditions auxquelles elles doivent faire face. Enfin, elles ont également pour but de promouvoir des opportunités favorisant des solutions climatiques meilleures et plus durables dans le monde entier.
Quel est le lien entre l’océan et les changements climatiques ?
Au programme de cet agenda, on trouve une série de solutions qui explorent le rôle crucial de l’océan en matière de lutte contre le changement climatique. Elles soutiennent aussi les efforts des populations pour s’adapter aux nouvelles conditions auxquelles elles doivent faire face. Enfin, elles ont également pour but de promouvoir des opportunités favorisant des solutions climatiques meilleures et plus durables dans le monde entier.
Quel est le lien entre l’océan et les changements climatiques ?
L’océan a donc un rôle à jouer à plus d’un titre. Il ne sert pas seulement à remplir nos assiettes ! En effet, sur le plan du climat, l’océan capture environ 30% du dioxyde de carbone libéré dans l’atmosphère chaque année. De plus, il a absorbé et stocké environ 90% de la chaleur générée par les émissions de dioxyde de carbone depuis l’ère industrielle. Dès lors, nous pouvons imaginer à quel point continuer à déstabiliser un écosystème important et fragile comme celui-là continuerait à entraîner des conséquences dramatiques tant sur les plans humain, économique, politique que climatique.
Quelles sont les solutions climatiques liées à l’océan pour respecter l’Accord de Paris ? [1]
Il est à noter que ce type de carbone renfermé dans ces milieux côtiers est appelé « carbone bleu ». Ces zones côtières sont d’une importance capitale. Elles peuvent être une solution dans la lutte contre les changements climatiques en captant une partie du carbone émis dans l’atmosphère. A l’inverse si elles subissent des dégradations comme c’est le cas aujourd’hui, elles deviennent une source d’émissions dans l’atmosphère du carbone stocké auparavant.
2) « D’ici 2030, les industries ou secteurs économiques dépendants de l’océan devront avoir considérablement réduit leurs émissions de gaz à effet de serre. »
En effet, cette mesure est d’autant plus importante à respecter principalement pour deux raisons. D’une part, ces secteurs, comme le transport maritime, l’aquaculture ou encore le tourisme, ne font que croître. D’autre part, les émissions du transport maritime sont actuellement non attribuées à une nation précise. Ils n’entrent donc pas directement en ligne de compte dans l’Accord de Paris. Il est donc important d’établir des normes d’émissions pour ces secteurs qui doivent être idéalement consistantes avec l’Accord de Paris.
En effet, alors que la population mondiale augmente, la plus forte croissance est attendue dans les aires urbaines côtières. Or, celles-ci seront concernées par la hausse du niveau marin. Quant à elle, l’acidification des océans mettra notamment en péril le secteur de la pêche.
4) « D'ici 2030, au moins 30% des océans de la planète devront être inclus dans des aires marines protégées efficacement gérées afin d'assurer la sécurité alimentaire, la protection des côtes et la préservation de la biodiversité face aux changements climatiques et à l'acidification des océans. »
5) « D'ici 2025, la pêche et l'aquaculture océaniques mondiales devront être gérées de manière durable pour assurer la sécurité alimentaire face au changement climatique et à l'acidification des océans. »
Cela devra se traduire notamment par l’arrêt de la surpêche.
Ces parties se doivent aussi d’intégrer ces mesures dans leurs stratégies de développement à faible intensité de carbone sur le long terme. Ces mesures doivent également être comprises dans le processus de Global Stocktake, conçu pour évaluer les progrès collectifs en regard des objectifs de l’Accord de Paris et renforcer l’action climatique. De même, les gouvernements infranationaux et les acteurs non-gouvernementaux devraient aussi inclure ces mesures dans leurs engagements climatiques.
7) « D'ici 2025, les populations côtières et insulaires du monde entier, en particulier celles qui sont aux premières lignes du changement climatique, devront disposer d'un financement et d'un soutien suffisants pour mettre en œuvre des mesures d'atténuation et d'adaptation au changement climatique liées aux océans. »
Cet objectif renvoie à l’épineuse question du financement climatique. En effet, les pays qui subissent parfois le plus gravement les aléas climatiques sont souvent ceux qui sont les moins aptes, financièrement, à mettre en place ces mesures. Le financement sera encore à l’ordre du jour à la COP24. Ainsi, le futur du Fonds d’adaptation (au changement climatique), dont devraient bénéficier les pays en développement et financé par les pays développés, sera abordé. Les pays en développement attendent que ce fonds continue à fonctionner dans le cadre de l’Accord de Paris. [2]
8) « D'ici 2030, la recherche, la surveillance et la prévision mondiales sur les océans et le climat devront répondre aux besoins en information nécessaires pour faire face aux impacts du changement climatique et de l'acidification des océans sur les écosystèmes océaniques et les communautés humaines qui en dépendent. »
Les priorités principales seront notamment de mieux comprendre le rôle de l’océan en tant que puits majeur de carbone tout comme la manière de mettre au point des techniques de pêche « prêtes au climat ». Cela passe aussi par améliorer les approches de l’adaptation au changement climatique.
Il est important de remarquer que l’agenda a été élaboré par un comité de représentants gouvernementaux et non gouvernementaux comme un appel à l'action pour les participants au GCAS2018. L’agenda souligne par là le rôle que les acteurs non étatiques, tels que les entreprises et les ONG, peuvent aussi jouer pour développer la technologie et les solutions basées sur le marché. Le but est de mettre en place des mesures permettant à la fois de prendre soin de l’océan et de lutter contre les changements climatiques.
La préoccupation croissante de l’océan dans les négociations climatiques
Les océans ne font l’objet d’aucune disposition particulière dans le cadre de l’Accord de Paris. Cependant, en décembre 2015 à la COP21 à Paris, 22 pays ont signé la déclaration « Because the Ocean » visant à accroître la résilience des océans et à lutter contre les effets du changement climatique. La Déclaration souligne l’importance de l’océan pour les petits Etats insulaires en développement (PEID) et pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Plus récemment, l’initiative « The Ocean Pathway » fut lancée lors de la COP23 organisée à Bonn en Allemagne en 2017, mais présidée par les Iles Fidji. La stratégie de cette initiative est double pour 2020, soutenant les objectifs de l’Accord de Paris :
1) accroître la prise en considération effective des océans dans le processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) et
2) accroître de manière significative l’action dans les domaines prioritaires ayant un impact sur l’océan et les changements climatiques. Présidant la COP23 et concernés grandement par les changements climatiques, comme la montée des eaux, il n’est pas anodin que les îles Fidji ont placé l’interaction entre l’océan et le climat au centre des préoccupations.
Dans le futur, l’océan sera au centre des préoccupations avec notamment le rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère qui sortira en 2019 et qui préparera le terrain pour faire de la COP25 une COP « océan ».
Sources:
[1] Ces objectifs sont tirés du document « Ocean-Climate Action Agenda », disponible en ligne sur https://www.oceanclimateaction.org/.
[2] http://www.climat.be/fr-be/politiques/politique-internationale/conferences-climatiques/2018-de-bonn-katowice
Autres sources :
https://www.forbes.com/sites/priyashukla/2018/09/14/ocean-issues-are-at-the-forefront-of-the-global-climate-action-summit/#500fc0972a7f
https://www.devex.com/news/ocean-advocates-find-new-ways-to-link-their-cause-with-climate-change-93410
Quelles sont les solutions climatiques liées à l’océan pour respecter l’Accord de Paris ? [1]
- Les objectifs prioritaires d’atténuation :
Il est à noter que ce type de carbone renfermé dans ces milieux côtiers est appelé « carbone bleu ». Ces zones côtières sont d’une importance capitale. Elles peuvent être une solution dans la lutte contre les changements climatiques en captant une partie du carbone émis dans l’atmosphère. A l’inverse si elles subissent des dégradations comme c’est le cas aujourd’hui, elles deviennent une source d’émissions dans l’atmosphère du carbone stocké auparavant.
2) « D’ici 2030, les industries ou secteurs économiques dépendants de l’océan devront avoir considérablement réduit leurs émissions de gaz à effet de serre. »
En effet, cette mesure est d’autant plus importante à respecter principalement pour deux raisons. D’une part, ces secteurs, comme le transport maritime, l’aquaculture ou encore le tourisme, ne font que croître. D’autre part, les émissions du transport maritime sont actuellement non attribuées à une nation précise. Ils n’entrent donc pas directement en ligne de compte dans l’Accord de Paris. Il est donc important d’établir des normes d’émissions pour ces secteurs qui doivent être idéalement consistantes avec l’Accord de Paris.
- Les objectifs prioritaires d’adaptation :
En effet, alors que la population mondiale augmente, la plus forte croissance est attendue dans les aires urbaines côtières. Or, celles-ci seront concernées par la hausse du niveau marin. Quant à elle, l’acidification des océans mettra notamment en péril le secteur de la pêche.
4) « D'ici 2030, au moins 30% des océans de la planète devront être inclus dans des aires marines protégées efficacement gérées afin d'assurer la sécurité alimentaire, la protection des côtes et la préservation de la biodiversité face aux changements climatiques et à l'acidification des océans. »
5) « D'ici 2025, la pêche et l'aquaculture océaniques mondiales devront être gérées de manière durable pour assurer la sécurité alimentaire face au changement climatique et à l'acidification des océans. »
Cela devra se traduire notamment par l’arrêt de la surpêche.
- Les objectifs prioritaires pour l’avancement de l’atténuation et de l’adaptation :
Ces parties se doivent aussi d’intégrer ces mesures dans leurs stratégies de développement à faible intensité de carbone sur le long terme. Ces mesures doivent également être comprises dans le processus de Global Stocktake, conçu pour évaluer les progrès collectifs en regard des objectifs de l’Accord de Paris et renforcer l’action climatique. De même, les gouvernements infranationaux et les acteurs non-gouvernementaux devraient aussi inclure ces mesures dans leurs engagements climatiques.
7) « D'ici 2025, les populations côtières et insulaires du monde entier, en particulier celles qui sont aux premières lignes du changement climatique, devront disposer d'un financement et d'un soutien suffisants pour mettre en œuvre des mesures d'atténuation et d'adaptation au changement climatique liées aux océans. »
Cet objectif renvoie à l’épineuse question du financement climatique. En effet, les pays qui subissent parfois le plus gravement les aléas climatiques sont souvent ceux qui sont les moins aptes, financièrement, à mettre en place ces mesures. Le financement sera encore à l’ordre du jour à la COP24. Ainsi, le futur du Fonds d’adaptation (au changement climatique), dont devraient bénéficier les pays en développement et financé par les pays développés, sera abordé. Les pays en développement attendent que ce fonds continue à fonctionner dans le cadre de l’Accord de Paris. [2]
8) « D'ici 2030, la recherche, la surveillance et la prévision mondiales sur les océans et le climat devront répondre aux besoins en information nécessaires pour faire face aux impacts du changement climatique et de l'acidification des océans sur les écosystèmes océaniques et les communautés humaines qui en dépendent. »
Les priorités principales seront notamment de mieux comprendre le rôle de l’océan en tant que puits majeur de carbone tout comme la manière de mettre au point des techniques de pêche « prêtes au climat ». Cela passe aussi par améliorer les approches de l’adaptation au changement climatique.
Il est important de remarquer que l’agenda a été élaboré par un comité de représentants gouvernementaux et non gouvernementaux comme un appel à l'action pour les participants au GCAS2018. L’agenda souligne par là le rôle que les acteurs non étatiques, tels que les entreprises et les ONG, peuvent aussi jouer pour développer la technologie et les solutions basées sur le marché. Le but est de mettre en place des mesures permettant à la fois de prendre soin de l’océan et de lutter contre les changements climatiques.
La préoccupation croissante de l’océan dans les négociations climatiques
Les océans ne font l’objet d’aucune disposition particulière dans le cadre de l’Accord de Paris. Cependant, en décembre 2015 à la COP21 à Paris, 22 pays ont signé la déclaration « Because the Ocean » visant à accroître la résilience des océans et à lutter contre les effets du changement climatique. La Déclaration souligne l’importance de l’océan pour les petits Etats insulaires en développement (PEID) et pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Plus récemment, l’initiative « The Ocean Pathway » fut lancée lors de la COP23 organisée à Bonn en Allemagne en 2017, mais présidée par les Iles Fidji. La stratégie de cette initiative est double pour 2020, soutenant les objectifs de l’Accord de Paris :
1) accroître la prise en considération effective des océans dans le processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) et
2) accroître de manière significative l’action dans les domaines prioritaires ayant un impact sur l’océan et les changements climatiques. Présidant la COP23 et concernés grandement par les changements climatiques, comme la montée des eaux, il n’est pas anodin que les îles Fidji ont placé l’interaction entre l’océan et le climat au centre des préoccupations.
Dans le futur, l’océan sera au centre des préoccupations avec notamment le rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère qui sortira en 2019 et qui préparera le terrain pour faire de la COP25 une COP « océan ».
Sources:
[1] Ces objectifs sont tirés du document « Ocean-Climate Action Agenda », disponible en ligne sur https://www.oceanclimateaction.org/.
[2] http://www.climat.be/fr-be/politiques/politique-internationale/conferences-climatiques/2018-de-bonn-katowice
Autres sources :
https://www.forbes.com/sites/priyashukla/2018/09/14/ocean-issues-are-at-the-forefront-of-the-global-climate-action-summit/#500fc0972a7f
https://www.devex.com/news/ocean-advocates-find-new-ways-to-link-their-cause-with-climate-change-93410